Je n’oublierai jamais cette nuit où Jean-Paul II s’en est allé vers le ciel. C’était un samedi soir. Après la Messe anticipée de 18h30 à la chapelle Ste Anne, sachant que le moment était tout proche, nous avions organisé une veillée pour le pape : il est parti à ce moment-là, alors qu’on priait pour lui. J’ai appris sa mort à la fin de la veillée par les médias. Il était 23h environ. Jeune vicaire de la Cathédrale, je me suis retrouvé tout seul à la paroisse. Je suis sorti sur la place St Etienne. Et là, j’ai vu les gens qui venaient de partout. Certains pleuraient. Ils avaient appris la nouvelle. Ils ne savaient où aller, alors ils sont venus à l’église. J’ai ouvert les portes de la cathédrale et fait sonner le glas. Cette nuit-là on a prié jusqu’à 3h du matin… Se souvenant de ce qu’il était pour l’Eglise, pour le monde, pour chacun d’entre nous.

Au moment de son élection au siège de St Pierre, nous avons été touchés par sa foi courageuse, sa confiance en Dieu. C’était un pape profondément humain, conscient de la réalité vécue par les jeunes. Quand il a proclamé « n’ayez pas peur » ce qui pour beaucoup signifiait n’ayez pas peur de votre époque, peur d’être croyant, je crois qu’en réalité il nous disait « n’ayez pas peur » de vous abandonner à l’Amour Divin, de suivre le Christ jusqu’au bout. En Lui il ne peut rien vous arriver. Rien qui ne soit à la mesure de ce que l’on peut porter. Ce sont des paroles à se redire quotidiennement. C’est pour cela que cet appel a traversé son pontificat. Pour beaucoup d’entre nous il a été un élément fondateur de la foi que nous avons aujourd’hui.

Il a été le premier Pape à autant voyager, se faisant proche des croyants du monde entier. Son rayonnement a largement dépassé les limites de l’Eglise catholique. Il était aimant. Les photos prises avec les handicapés, les malades sont bouleversantes d’humanité.

C’était aussi un chef d’Etat, un diplomate et un homme politique de premier ordre. Il n’est pas étranger à l’effondrement du bloc soviétique. Par lui, l’occident a découvert la réalité du communisme soigneusement dissimulé pendant 40 ans au nom d’intérêts politiques et économiques dégradants pour l’homme.

Et puis, comme beaucoup, j’ai pleuré à sa mort avec le sentiment d’être orphelin mais en même temps la certitude qu’il est désormais bien placé là-haut et me disant que notre siècle aura été habité par un grand saint.

Alors, merci, Seigneur, de nous avoir donné Jean-Paul II, serviteur de serviteurs de Dieu !

+ Abb̩ Bogdan Velyanyk РCur̩