Chers frères et sœurs,

Après la lecture de la Passion je me pose souvent cette question : que c’est-il passé entre les Rameaux et la Crucifixion. Comment se fait-il que le même peuple qui l’acclame comme un roi, exige avec une telle véhémence sa mise à mort quelques jours plus tard ? Si nous vivions à cette époque-là, qu’aurions-nous fait ?

Le problème du peuple d’antan était l’impossibilité d’identifier leur vision glorieuse du Messie avec la personne de Jésus prêchant la miséricorde et la conversion. Ils désiraient un chef charismatique qui les mènerait au combat contre les romains. Ils ne s’attendaient pas devoir livrer le combat contre eux-mêmes, contre leurs péchés. Ils n’ont pas su, n’ont pas voulu, n’ont pas osé reconnaître Dieu qui est venu parmi eux.

2000 ans se sont écoulés. Pourtant le problème demeure le même. Le peuple a toujours une fosse image de Dieu. Il veut un Dieu qui n’exigerait rien, qui ne dérangerait pas, qui ne sermonnerait pas, qui serait juste une bouche trou des problèmes existentiels. On ne lui devrait rien. Si tout va bien, ce n’est pas son mérite. Mais le jour ou le mal nous ronge, c’et lui, Dieu, qui en est le coupable, c’et lui le criminel responsable des fautes des hommes. Alors je me dis que s’il venait aujourd’hui de la même façon qu’il y a 2000 ans à Jérusalem, il ne manquerait pas de croix, ni médiatiques ni en bois, pour que nous le crucifions. Oui, Dieu qui veut combattre le mal par amour et qui rappelle que l’amour est exigent et qu’il peut aller jusqu’au sacrifice de sa vie, cela ne passait pas à l’époque, cela ne passe pas non plus aujourd’hui…

De fait, je regarde ces Rameaux en vos mains et ose vous supplier : n’en faites pas une nouvelle croix sur la colline de l’indifférence et des traditions folkloriques. Vous tenez dans vos mains le symbole de la foi de vos ancêtres et la mémoire de votre propre baptême. Le Christ, vrai Dieu et vrai Homme, a fait le choix de venir habiter nos souffrances, porter nos blessures, traverser la mort. Aucun homme ne pourra plus jamais dire : « Dieu ne sait pas ce que je vis » ! Il le sait, il l’a vécu et il vous aime… Osez l’aimer en retour. Faites que ce rameau dans votre main devienne le signe de votre foi vivante. N’abandonnez pas votre Seigneur dans les jours qui vont suivre, soyez fidèle au Christ et votre rameau deviendra un arbre de grâce par lequel l’amour de Dieu vous guérira.

Je voudrais conclure mon homélie par ce petit poème dont j’ignore l’auteur mais qui résume les choses avec beauté et simplicité :

Un petit rameau…
A quoi cela sert?
Ce n’est pas très beau
Et si ordinaire !

Alors, le rameau
Ouvrit grand ses branches
Et en quelques mots
Me dit ce dimanche :

«Je ne suis que buis
Mais un buis bénit,
Promesse de vie
Pour tous ceux qui prient.

Dans votre demeure,
Je serai repère
De Jésus Sauveur
Et de Dieu son Père…»

Ce petit rameau
Savait bien parler…
Chacun de ses mots
A su me toucher.

Aussi, je l’ai pris
Et je l’ai gardé,
Sur la table de nuit,
Je l’ai déposé.

A chaque sommeil,
Moi, je le regarde…
Je sais qu’il me veille
Et que Dieu me garde.

Abb̩ Bogdan Velyanyk РCur̩